A retenir: Vote « pour » pour toutes les résolutions, sauf pour la résolution 2 (« abstention ») et la résolution 9 (« contre »)
Par défaut, nous vous recommandons de voter « pour » pour toutes les résolutions, hormis la résolution 2 concernant la fixation du dividende pour laquelle nous recommandons l’abstention et la résolution 9 concernant la rémunération de Florent Menegaux pour laquelle nous appelons à voter « contre ».
Voici les explications de nos recommandations:
Dividende: Résolution 2: Abstention.
Le dividende est proposé en hausse de 11%, ce qui ne paraît pas illogique au regard du niveau historique du résultat net. Par ailleurs, avec un taux de distribution (part des bénéfices versée aux actionnaires) de 44%, Michelin est dans la moyenne de ce qui a été pratiqué en 2022 par les Groupes du CAC40 en matière de versement des dividendes. Il n’en demeure pas moins un pourcentage élevé. Nous n’ignorons pas la difficulté à attirer et fidéliser les actionnaires en leur proposant des taux de distribution qui seraient inférieurs aux pratiques du marché (la moyenne de distribution des Groupes du CAC40 est de 55% des bénéfices si on ajoute les rachats d’action aux dividendes).
Mais ce n’est pas parce que le marché impose des standards toujours plus élevés qu’il faut s’y soumettre sans faire entendre sa voix.
Donner beaucoup aux actionnaires, c’est obérer sa capacité à investir sur fonds propres à un moment où les investissements vers la transition écologique sont incontournables. C’est aussi limiter sa capacité à redistribuer équitablement les résultats. Or de ce point de vue, il y a clairement une asymétrie des attentions entre actionnaires (dividende : +11%) et salariés (Bonus Groupe & Equipe : – 45%). Pour la CFE-CGC, on est déjà à la limite supérieure du pourcentage de résultat distribuable aux actionnaires, d’où notre recommandation à s’abstenir sur cette résolution.
Rachat d’actions: Résolutions 5 et 15: Pour.
Par principe, la CFE-CGC est opposée aux rachats d’action servant à soutenir le cours de l’action. C’est du cash brûlé pour rien, ou pas grand-chose, alors qu’il pourrait être utilisé à d’autres fins : investissements dans la transition écologique, redistribution aux salariés, etc…
Dans le cas de Michelin, ces rachats servent essentiellement à financer les plans Bib’action visant à augmenter la part de l’actionnariat salarié dans le capital de la société. Cette finalité est partagée par notre organisation syndicale. Ils servent également pour les actions de reconnaissance. Dans ces conditions, la CFE-CGC est favorable à ces rachats d’action mais restera vigilante sur leur usage.
Rémunération des gérants: Résolution 9: Contre / Résolution 10: pour
En préambule, la CFE-CGC déplore la complexité du système de rémunération (fixe, variable annuelle, variable pluri-annuelle, avantages en nature), avec de très nombreux critères plus ou moins faciles à suivre. En outre, il faut distinguer rémunération effectivement perçue en année N et rémunération à percevoir au titre des résultats de l’année N. Malgré les nombreuses explications publiques disponibles, ça reste une vraie usine à gaz.
Ensuite, on peut considérer que les montants perçus en 2022 par nos dirigeants (3,676 M€ pour Florent Menegaux et 1,761 M€ pour Yves Chapot) sont faibles par rapport à la moyenne de rémunération des dirigeants du CAC 40 et surtout au regard du résultat net historique du Groupe.
Pour la première fois, le Groupe a dépassé le seuil symbolique des 2 milliards d’€. C’est bien entendu le discours ambiant: la rémunération des dirigeants est amplement méritée vu les résultats.
Néanmoins, il faut s’interroger sur le rapport « acceptable » entre la rémunération des gérants et la rémunération moyenne des salariés pour la cohésion sociale.
L’ONG Oxfam, qui vient de publier une enquête sur le sujet, recommande un écart de 1 à 20.
Inégalités salariales : aux grandes entreprises les gros écarts – Oxfam France
Cet écart nous semble peu réaliste car trop restrictif.
Depuis plusieurs années, on retrouve dans le document d’enregistrement universel à la rubrique 3.4.5 (p°125 et 126 du document 2022) l’écart de rémunération entre les gérants et la moyenne des salariés. Le ratio existe aussi avec la rémunération médiane des salariés.
Si on considère qu’un ratio de 40 serait le maximum « acceptable » entre la rémunération des dirigeants et la rémunération moyenne des salariés, alors on constate que la rémunération du Président de la Gérance – Florent Menegaux – est près de 2 fois au-dessus, avec un ratio à 77 tandis que la rémunération du gérant non commandité – Yves Chapot- est juste en-dessous à 39,5. Concernant Florent Menegaux, le document précise que sa rémunération a été boostée par la comptabilisation cumulative de deux rémunérations à long terme sur un même exercice. Même en « neutralisant » ce dernier biais, son ratio serait au-dessus de la barre de 40. Pour la CFE-CGC, la rémunération touchée par Mr Menegaux est donc trop élevée non pas en valeur absolue intrinsèque mais bien en valeur relative par rapport à la moyenne des salariés. En conséquence, nous recommandons de voter pour la rémunération de Yves Chapot (R10) et contre celle de Florent Menegaux (R9). Nous précisons que c’est bien le respect des faits qui éclaire notre recommandation et qu’il n’y a donc rien de personnel dans cet appel à voter contre.
Le pôle économique et social