« Révolution managériale » chez Michelin : quel impact sur les salariés ?

Michelin appelle à une « révolution managériale » en réponse à un « monde complexe ». Ainsi titrait récemment une revue spécialisée à la suite des déclarations de la Direction du Groupe lors des Media Days (avril). La CFE-CGC est prête à continuer à contribuer à cette « révolution managériale » comme elle le fait tous les jours, en accompagnant tous les salariés et en recherchant avec le Service de Personnel et les managers des solutions adaptées aux problèmes de chacun.

Si les intentions sont louables, la réalité peut parfois s’avérer différente. Il serait bon que le top management de l’entreprise s’en inquiète. Toutes les informations remontent-elles bien à lui ? Nous, sur le terrain, nous constatons de plus en plus de demandes d’accompagnements. Nous rencontrons des salariés inquiets. Nous dénonçons les dérives de la Ligne Ethique. Aussi nous demandons un dialogue social ouvert et constructif, seul moyen d’aboutir à une vraie révolution managériale dans l’entreprise.

Nous, représentants du Personnel ne recevons que des sollicitations ou des témoignages de situations problématiques. Mais quand bien même il n’y aurait qu’une minorité de cas difficiles dans un océan de bonheur, il faudrait s’en inquiéter. Chaque cas est un cas personnel à prendre au sérieux.

Or, à la CFE-CGC nous ne pouvons que constater la forte inflation des demandes d’accompagnement de la part de salariés (Managers, managés, employés, COCA voire Cadres Groupe) qui viennent partager avec nous leur situation, leurs doutes, leurs craintes.

Il faut « douter » nous dit le narratif 2 du Groupe. Certes… Avoir des convictions et pas des certitudes ; cela peut aider à ne pas trop se tromper. Mais douter de son avenir personnel, douter de sa valeur car on ne se sent pas reconnu, ou douter du sens de son engagement quand les signaux sont contradictoires… Tout cela est très anxiogène et n’incite pas à la confiance.

Douter, non pas de la cohérence et du bien-fondé des nouvelles orientations stratégiques du Groupe, mais de la façon d’y parvenir, sans que le « P » de « People » ne soit la variable d’ajustement… Voilà l’enjeu.

A la CFE-CGC, nous écoutons les personnes ; nous allons au fait (cela fait partie de notre ADN Michelin) et recueillons des témoignages. Nous ne sommes ni juges ni avocats mais il semble bien que nous ayons la confiance de plus en plus de salariés qui s’ouvrent auprès de nous.

D’un projet de restructuration à l’autre, théoriquement basés sur le volontariat, les salariés ont vraiment du mal à se projeter et à s’y retrouver. Et les errances de la GEPP illustrent tristement notre propos.

Notre rôle est d’alerter la Direction de l’entreprise que tout ne se passe pas comme elle l’imagine ou comme certains voudraient le faire croire.

« Safe space » ? Si seulement …

La CFE-CGC a depuis longtemps et souvent alerté sur les dérives de la Ligne Ethique. Là aussi nous enregistrons une augmentation du nombre de cas douteux et voulons insister sur les quatre revendications déjà exprimées auprès du Comité éthique :

a.              transparence sur les faits reprochés au salarié incriminé

b.              possibilité pour le salarié d’être accompagné

c.              neutralité et professionnalisme des « enquêteurs »

d.              participation d’élus dans le Comité éthique

Personne ne peut contester la nécessité pour une entreprise de disposer d’une Charte Ethique et de règles régissant les relations interpersonnelles, mais les dérives constatées nous inspirent la plus grande prudence quant au process de déploiement et de l’usage de certaines conclusions de cette Ligne Ethique.

Nous avons accompagné beaucoup trop de salariés dans le cadre d’un processus disciplinaire débouchant sur un licenciement contesté par le salarié, sans toute la transparence requise, sans aucune progressivité de la sanction (quand elle est justifiée), sans respect pour les années de bons et loyaux services. Cela se solde souvent par une transaction financière… Mais le salarié est dehors et il semble que c’est bien l’objectif que poursuivait l’employeur…

Et quand il ne s’agit pas de la Ligne Ethique, que penser des « plans d’amélioration » de plus en plus utilisés comme antichambre d’un processus disciplinaire « pouvant déboucher sur votre licenciement » selon la formule malheureusement consacrée.

Alors oui, il faut vraiment une « révolution managériale » au plus haut niveau de l’entreprise ; mais elle aura du mal à s’imposer sans une « révolution du dialogue social » où la Direction respecte les instances et écoutent les représentants du Personnel qui sont les véritables capteurs de la réalité de l’entreprise et d’un certain « Speak-up ».

« Prendre soin des personnes », ensemble, faisons que cela ne soit pas qu’une formule ou le slogan d’une campagne de communication. La CFE-CGC agit concrètement pour prendre soin des personnes, et réitère son message d’ouverture et sa volonté de réviser les conditions d’un dialogue social honnête et constructif.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *