Bonus Groupe et équipes : vers une forte baisse pour les salariés ?  

La publication des résultats fait craindre pour les rémunérations des salariés (avec notamment un impact fort sur les bonus) alors que le Groupe poursuit les promesses aux actionnaires. Si ce traitement différencié entre salariés et actionnaires était avéré, la situation deviendrait socialement inflammable. Le capitalisme « équilibré » prôné par M. Menegaux, ce n’est pas les sacrifices pour les salariés et les bénéfices pour les actionnaires. La CFE-CGC en appelle au sens de la responsabilité et de l’équité de l’employeur.

La publication des résultats au 3ème trimestre a amené la direction de Michelin à ajuster sa « guidance » auprès des marchés. La prévision de ROS passe ainsi à 3,4 milliards d’euros à taux de change constants et la prévision de Free Cash Flow avant acquisitions a été rehaussée à 1,7 milliard d’euros.  
 
Ces ajustements d’atterrissage impactent le calcul du bonus Groupe et par ricochet le bonus Equipes. Et c’est la soupe à la grimace pour les salariés.  
 
Pour le critère ROS (Résultat Opérationnel des secteurs), le taux d’atteinte serait de 0% cette année contre 52,5% l’an dernier 
Pour le critère du FCF (Free Cash Flow), le taux d’atteinte serait de 23% cette année contre 52,5% l’an dernier. 
En pondération, ce sont de loin les 2 principaux critères, puisque les 3 autres critères constitutifs du bonus Groupe (TCIR / émission de CO2 / critère de contexte) pèsent chacun pour 15% au maximum. Donc même en cas de bonne performance sur ces 3 critères, il y aurait un fort recul sur le bonus Groupe par rapport à ce qui a été versé cette année au titre des résultats 2023.  

Par ailleurs, nous craignons que le taux d’atteinte des objectifs collectifs de 94% au global en 2023 ne soit pas obtenu cette année, puisque des consignes de « fermeté » ont été passées aux sponsors des objectifs. Les salariés risquent donc d’avoir une double peine : baisse du montant global de bonus équipes distribuable (car indexé sur le bonus Groupe) et baisse du taux d’atteinte des objectifs.  

Dans ce contexte, si ces résultats devaient se confirmer, la CFE-CGC demande dès maintenant aux gérants de porter au maximum soit 15% le critère de contexte. 
 
Dans le cadre d’un capitalisme « équilibré » comme l’a exprimé Florent Menegaux dans le journal Capital, il serait inconcevable pour la CFE-CGC de se retrouver dans une situation où d’un côté des salariés subiraient des restructurations et des rémunérations variables en fort recul et de l’autre côté – et dans le même temps – des actionnaires qui bénéficieraient d’une nouvelle hausse du dividende et d’importants rachats d’action, valorisant leur portefeuille. Pour rappel, le dividende a déjà progressé de 8% cette année (après avoir déjà augmenté de 11% l’année précédente) et le Groupe a prévu de procéder cette année pour des rachats d’actions à hauteur de 500 M€.   
 
Si on se retrouvait dans ce traitement différencié entre salariés et actionnaires – le fameux « deux poids, deux mesures » – la situation deviendrait alors socialement inflammable. Et ce ne serait pas le fait des organisations syndicales.  Pour la CFE-CGC, un capitalisme « équilibré », ce n’est pas les sacrifices pour les salariés et les bénéfices pour les actionnaires. Nous en appelons donc au sens de la responsabilité et de l’équité de la Direction.

Dominique Bourgois – Délégue Syndical

3 réponses à “Bonus Groupe et équipes : vers une forte baisse pour les salariés ?  ”

  1. Nickie dit :

    Bonjour. Merci pour cet article très clair. C’est édifiant de voir à quel point le déséquilibre est énorme entre les salariés créateurs de valeurs et les investisseurs nécessaires pour le capital. 500M d’euros de rachat d’actions alors qu’on nous annonce 3 possibles nouvelles fermetures de sites industriels en France ? Mais quand est-ce que cela s’arrête ? Et que pouvez-vous nous proposer en tant que syndicat pour limiter cette fuite en avant ? Je suis d’accord avec vous, le climat social est électrique et pourrait s’enflammer fortement avec de futures annonces.

    • admin CFE-CGC dit :

      Merci pour votre commentaire. Que faire ? Résister ! Devant la gravité de la situation de notre entreprise, les organisations syndicales ont pris les devants et ont formé une intersyndicale (Sud, CFE-CGC, CGT, FO) et demandent des comptes à l’entreprise.

  2. PARO dit :

    Merci pour cette analyse. Effectivement nos primes jouent au « yoyo » depuis quelques années. Le mode de calcul en est une des principales causes. Ajouté à cela un déséquilibre entre actionnaire et salarié et on se retrouve une année sur 2 avec des bonus à minima. Je ne suis pas sûr que le critère de contexte de 15% suffise à compenser la chute vertigineuse de certains objectifs. En partant du principe qu’il soit actionné

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