A l’issue de diverses réunions d’instances représentatives du personnel, les élus des organisations syndicales CGT, CFE-CGC, FO et SUD, portant à elles quatre environ 70% de représentativité chez Michelin France, ont décidé de ne plus participer aux réunions avec la Direction et ses représentants jusqu’à nouvel ordre.
L’inquiétude est grandissante en France et en Europe dans les sites industriels, pas seulement dans les trois sites mentionnés, mais aussi dans les activités tertiaires associées. Certaines usines en France vont tourner au ralenti sur la fin d’année et quoi attendre de 2025 ? Les autres sites en Europe et surtout à l’Est annoncent aussi de forts ralentissements, très inhabituels !
Le climat social est devenu pesant. Michelin dit vouloir discuter ; nous voulons être entendus et obtenir des réponses. Cela fait des mois voire des années que les mêmes constats sont établis, que les mêmes questions sont posées. Les résultats de la récente expertise conduites sur trois sites français n’ont fait que confirmer ce qui était déjà connu, à savoir une baisse drastique des volumes, des effectifs et des taux de charge des usines françaises. Au-delà de l’inquiétude de façade de nos dirigeants, aucune réaction concrète, aucune action démontrant une quelconque humanité ou préoccupation de soulager la détresse de beaucoup de nos collègues en usine. Et comme pour justifier des décisions déjà prises, la Direction dénonce une inflation salariale « colossale » selon ses propres termes. Ce n’est pas ce que montre l’évolution des frais de personnel de la MFPM car ils n’ont fait que suivre l’évolution de ceux du Groupe comme le prouve notre article https://cfecgcmichelin.org/2024/10/18/inflation-salariale-colossale-se-desole-m-menegaux-notre-decryptage/)
Devant la gravité de la situation, les organisations syndicales ont pris les devants en demandant des comptes à l’entreprise. Les élus de l’intersyndicale posent une simple question : face au marasme des chiffres affichés qui dépassent largement les trois sites expertisés, que compte faire l’entreprise ?
Les questions les plus fréquemment posées à nos élus
Pourquoi la CFDT ne fait-elle pas partie de cette intersyndicale ? Au moment de la décision du lancement d’alerte économique sur trois sites industriels français (Vannes, Cholet, Tours) dont la situation était très inquiétante, ils n’ont pas voulu se joindre à notre collectif jugeant la « démarche cynique »… Depuis, elle a changé d’avis et exprimé le souhait de le rejoindre. A l’unanimité les 4 autres organisations syndicales (Sud, CFE-CGC, CGT et FO) ont refusé.
Plus aucune participation à des réunions avec la Direction. De quelles réunions s’agit-il ? De réunions comme les instances de CSEC (Comité Social et Economique Central au niveau France), de CSE (Comité Social et Economique présent dans chaque établissement en France), de Commissions de suivi des accords, les bilatérales, ou encore les négociations à venir. Bien sûr, en responsabilité, vos élus sauront continuer à assumer votre protection et votre défense pour tous les sujets de santé ou de sécurité, individuels ou collectifs. Nous espérons que cette situation sera de courte durée, mais cela va dépendre de la bonne volonté démontrée de l’employeur qui déclare rester « ouvert à toute reprise des discussions avec les organisations syndicales ».
« La CFE-CGC est un syndicat catégoriel et donc ne se préoccupe que des Collaborateurs et Cadres », nos détracteurs le répètent à l’envi et, toujours, se trompent. Un syndicat catégoriel est un syndicat pour lequel seuls les Collaborateurs et Cadres peuvent voter lors des élections professionnelles. Cela signifie-t-il que ce syndicat ne s’occupe que des collaborateurs et Cadres ? A l’évidence, non ; et la présente situation en est une illustration de plus. Tout d’abord, il en va de la solidarité entre les salariés. Nos collègues des usines où la population Agents est fortement représentée, souffrent beaucoup plus des baisses d’activité (chômage technique, activité partielle, congés forcés, « bore-out », …) que les services centraux de Clermont ou de Paris. Nous nous devons de les soutenir.
Le secteur tertiaire sera épargné. Non, il n’échappera pas à la vague de fond. A la CFE-CGC nous n’avons jamais autant accompagné de salariés, managers ou managés, mal ou injustement traités. Que deviendrait Clermont sans ses usines en France ? Moins de pneus vendus, c’est moins de pneus fabriqués. Moins de pneus fabriqués en France, c’est moins d’usines et moins d’emplois en France, avec, à la clé, un impact fort sur les services de Supply, de Qualité, de Marketing, et autres… Au-delà de l’impact marché, voilà la vraie conséquence d’une stratégie « Valeur » qui est censée nous mener vers moins de pneus à moindre valeur ajoutée, et vers d’autres relais de croissance.