Bien que jeune Michelin (moins de 10 ans), j’ai pourtant observé, comme beaucoup, une tendance marquée à l’apparition de nouveaux termes, souvent anglicisés dans nos méthodes et outils de management. Ainsi, nous avons connu :
· la posture I CARE,
· les Must Win Battles (batailles à ne pas perdre),
· les LSR (règle qui sauvent la vie),
· les one team manufacturing (tous ensembles, solidaires, collectifs pour la fabrication),
· Et le petit dernier, que l’on voit émerger de-ci, de-là, le GLOBAL OPTIMAL (ou « restructuration » ?) accompagné parfois des fameux « Job Post ».
Ces termes flamboyants, oserai-je dire très « hype », semblent indiquer que le français ne suffit plus. Et ce phénomène ne touche pas que Michelin : souvenez-vous du « Back in the race » de M. Tavares chez Stellantis.
Alors, à l’aube de la cinquantaine suis-je devenu « has been », dépassé par la nouvelle génération ?… Oups ! Mais que nenni, tout cela a un nom : la NOVLANG managériale.
Cette novlang a un impact fort sur le monde du travail. Ne nous trompons pas, ce n’est pas qu’une simple mode.
Un langage qui appauvrit le sens du travail ! Cette tendance à l’usage de néologismes, au contour flou et de concepts anglicisés contribue à brouiller les repères et appauvrit le sens donné au travail. Tout cela est bien documenté (voir à titre indicatif les articles en bas de page).
Un outil de confusion ! Certains dirigeants chez Michelin expliquent nos mauvais chiffres de vente par une mauvaise compréhension de la « Value Strategy » (dite aussi « Stratégie Valeur »). Et si cette stratégie était devenue justement trop floue pour être bien comprise ?
Un langage qui génère de l’incompréhension ! Prenons un autre exemple : Michelin vient de faire un « profit warning » auprès des marchés financiers, elle n’atteindra que 11 % de ROS en 2025, une révision raisonnable des objectifs financiers pour une entreprise qui reste rentable et saine financièrement. Pourtant, pendant ce temps, dans de nombreux sites et services chez Michelin, on parle de la nécessité de réduire les coûts, on parle de réduction d’effectifs. Pas d’ETP (équivalent temps plein) abstraits, mais de personnes, de familles qu’il faudra accompagner demain.
Et là la CFE CGC sera + proche de vous, comme toujours. Et en français, en évitant une novlangue absconse qui nous fait perdre le sens des mots et parfois les valeurs associées
*cet article était titré originellement le PAIN*ACLE du manager pour = PAIN IN the Ass, un terme anglais imagé pour traduire le caillou dans la chaussure. Mais le jeu de mots était trop compliqué… L’auteur, bien que déçu, a proposé un titre plus simple.
Bravo pour cet article. C’est affligeant. Ma phrase préférée (quand je peux la placer parce que dans bien des situations,il ne faut s’y risquer): « non mais concrètement ? » Bon après il faut supporter le regard méprisant de la personne pris en flagrant délit de bulls***age…
Jolie phrase ! Regard méprisant ou interloqué ? ou admiratif ?
Bravo pour cette formulation bien menée. Effectivement derrière ces mots fumeux se cachent souvent des réalités plus sombres.
merci d’avoir su mettre des mots et un peu d’humour sur un quotidien ou il est facile pour notre top management d’expliquer que l’on ne comprend rien avec des expressions choisies alors qu’eux même ne les maîtrise même pas
Exactement, c’est tout à fait le message que nous avons voulu faire passer.