Pas de crise pour les rachats d’actions  !  400 M€ prévus d’ici le 19 décembre

Début 2024, le Groupe avait fait part de son intention de racheter jusqu’à un milliard d’€ d’actions sur la période de 2024 à 2026.  
L’an dernier, le Groupe avait ainsi racheté pour 502 M€ d’actions. Pour 2025, aucune annonce n’avait été faite en début d’année, ni lors de l’Assemblée Générale des Actionnaires mi-mai.  

A la mi-année, face à un contexte économique très incertain, nous nous demandions si le Groupe allait procéder à des rachats d’actions en 2025. Et puis les évènements se sont accélérés.  
– Mi-juillet, à l’occasion de la publication des résultats semestriels, le Groupe annonçait son intention de procéder à des rachats d’actions à hauteur « d’environ 250 M€ » sur le second semestre.  
– Le 17 octobre, le Groupe faisait un « pre-close call » (sic) pour préparer la communauté financière au fait que le Groupe n’atteindrait probablement pas ses objectifs de résultat opérationnel sectoriel (ROS) et de Free Cash Flow (FCF) à la fin de l’année. Le titre Michelin accuse le coup.  
– Le 22 octobre, à l’occasion de la publication des résultats du 3ème trimestre, le Groupe confirmait ce qu’il avait laissé entendre 5 jours plus tôt, à savoir que les résultats 2025 de ROS et de FCF seraient inférieurs aux attendus, sans pour autant qu’ils ne soient mauvais, loin s’en faut (https://www.cfecgcmichelin.org/2025/10/24/analyse-de-la-cfe-cgc-sur-la-revision-des-objectifs-financiers-de-michelin/). Le titre a alors fortement (et ponctuellement) dévissé. 
– Le 23 octobre, soit le lendemain de la publication des résultats trimestriels et de la réaction négative des marchés, le Groupe mandate deux prestataires pour opérer le rachat d’actions à hauteur de … 400 M€ d’ici le 19 décembre.  
Aucune communication interne aux salariés n’a été faite sur le sujet et il a fallu que nous regardions les informations légales sur le site Michelin pour être informé de cette opération.

 Le Groupe a-t-il voulu compenser le recul de l’action en augmentant le montant prévu des rachats d’action, dont un des effets est précisément de soutenir le cours de bourse ? La CFE-CGC pose ouvertement la question. Il y a en tout cas plusieurs enseignements à tirer de cette séquence : 
 
Plus d’1,3 milliard d’€ rendu aux actionnaires chaque année !  
 
1- Le Groupe continue à choyer ses actionnaires avec plus de 1,3 milliard € rendus aux actionnaires (dividendes + rachats d’actions) sur 2024 et 2025.

Ce sont des montants énormes et très largement supérieurs à ceux connus jusqu’à récemment.  
 
Actionnaires-salariés : deux poids, deux mesures 
 
2- Ce qui est révisable pour des parties prenantes – les actionnaires – est étrangement non révisable pour d’autres parties prenantes – les salariés.  
En effet, le Groupe retoque la révision des bonus Groupe pour les salariés qui devront donc se contenter de très maigres rémunérations variables alors que, dans le même temps, le Groupe montre sa capacité à faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité auprès des actionnaires, en compensant la très relative insuffisance des résultats 2025 par des rachats d’action supérieurs à ceux initialement annoncés.  
La CFE-CGC dénonce une asymétrie des attentions entre actionnaires et salariés.    
 
Quel intérêt pour le Groupe de faire des rachats d’actions aussi massifs ? 
 
3- Dans un contexte de ressources restreintes, la CFE-CGC constate – et déplore – que le Groupe choisisse délibérément d’acquitter un montant d’au moins 32 M€ au titre de la taxe de 8% sur les actions rachetées puis annulées (cette taxe pourrait monter à 33% en 2026, ce qui porterait la facture potentiellement à 132 M€  !). Pour la CFE-CGC, les 432 M€ dépensés dans cette opération (400 M€ de rachat + 32 M€ de taxes, sans compter les honoraires des prestataires chargés de l’opération) auraient pu servir à financer des investissements d’avenir et mieux associer les salariés aux bons résultats du Groupe.  


Encore une fois, hormis le fait qu’ils servent partiellement au financement des plans Bib’Action, la CFE-CGC interroge le bien-fondé de rachats d’actions aussi massifs. Rappelons qu’en 2021 et 2023, le Groupe n’avait procédé à aucun rachat d’actions, sans pour autant provoquer une fuite massive des actionnaires. 
 
Pôle économique et financier 

8 réponses à “Pas de crise pour les rachats d’actions  !  400 M€ prévus d’ici le 19 décembre”

  1. Enrico dit :

    Sur ce sujet du rachat d’action, je voudrais apporter un avis un peu différent. En effet, je considère qu’une gestion intelligente du capital par le management d’une entreprise cotée en Bourse fait partie de sa mission. Qu’est-ce que ça veut dire ?
    Pour moi, tout simplement que si le cours d’une action est bas, cela fait sens de racheter une partie du capital pour, soit utiliser ces actions au lieu d’en créer de nouvelles (par exemple lors des plans Bib’ actions), soit tout simplement les annuler ce qui mathématiquement va augmenter ensuite le bénéfice par action puisque le nombre d’actions du capital sera réduit. Cela profite à tous les actionnaires et en premier lieu aux salariés actionnaires qui sont souvent très fidèles.
    Et si ensuite le cours de l’action remonte fortement, il est alors intelligent de réaliser une augmentation de capital afin de demander aux actionnaires de fournir de l’argent frais ce qui permet alors de réaliser de nouveaux investissements ou de baisser l’endettement d’entreprise. Le dirigeant doit donc essayer d’acheter bon marché et de revendre plus cher une partie de son capital. Ceci contribue à la bonne santé économique de son entreprise.

    Comme le cours de l’action a nettement baissé cette année il me paraît rationnel de procéder à des rachats d’action. Il ne faut pas évidemment que cela empêche l’investissement, mais en l’occurrence 400 millions d’euros ça représente environ 2 % du capital de Michelin. À l’échelle du groupe, c’est donc relativement mesuré. Peut-être que le dosage entre rachat d’action et investissement peut être amélioré, mais en première approche je ne vois rien de scandaleux.

    Il me semble qu’en France tout ce qui touche au capital est considéré comme plutôt « sale » par bon nombre de nos compatriotes. C’est dommage, car comme un couteau n’est ni bon ni mauvais, le capital ne l’est pas davantage. Tout repose sur l’éthique les dirigeants. Et jusqu’à preuve du contraire il me semble que l’éthique des patrons de Michelin est plutôt bonne, car ils ont toujours eu tendance à penser long terme, ce qui est bon pour un industriel. L’avenir nous dira si je suis trop naïf, ce qui est bien possible…

    Bonne soirée.

  2. Attentif dit :

    Profit, Profit, Profit… comme le mentionne Fabien. Disons au moins qu’un des 3 P domine les 2 autres.
    Si j’ai bien compris Michelin va même encore plus loin dans le rachat de ses propres actions.
    Mi-2025 le Groupe avait confirmer aux actionnaires un rachat d’action d’un montant de 250 M€, le but étant de compenser le plan Bib Action et les attributions d’actions gratuites (de performance) me semble-t-il.
    Le 22 octobre le Groupe avait déjà racheté pour 265 M€ d’actions et il annonce des rachats supplémentaires d’un montant de 400 M€ avant la fin de l’année 2025. Donc, ce que je comprends, c’est que le montant total des rachats devrait atteindre 665 M€ cette année.
    Pas ou peu d’augmentation des salaires, bonus faible en 2025 et probablement encore plus faible en 2026… et un modèle I CARE qui évoque la symétrie des attentions. Symétrie entre quelles parties prenantes ?

  3. Fabien dit :

    Vous avez dit profit profit profit……mais ou est le people, bientot avec les restructurations y en aura plus beaucoup de people dans nos usines et nos services

  4. PARO dit :

    Merci pour cet article édifiant. Effectivement une fois de plus ces sommes vont servir à soutenir le cours de l’action au détriment de l’investissement et de la reconnaissance des efforts des salariée

    • admin CFE-CGC dit :

      Oui, comme vous le voyez, nous déplorons ces rachats massifs dont nous ne voyons pas le bénéfice pour le Groupe, pour les salariés.

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